1981
1981 | Les événements.
Radio-Andorre attaquée de toutes parts.
Si Radio-Andorre avait toujours pu compter sur le soutien du co-prince épiscopal et de la bienveillance de l'Espagne dans ses rapports conflictuels avec la Sofirad, les cartes ont maintenant changé. La fin des concessions de 1961, qui est maintenant inéluctable, offre la perspective d'une nouvelle organisation de la radio en Andorre et peut-être la possibilité de signer de nouvelles conventions. Si la Sofirad n'a pas varié dans ses positions qui sont simples à résumer, elle veut continuer à contrôler Sud Radio et transformer Radio-Andorre en radio espagnole, les autres entités ont quelque peu fait évoluer leurs positions.- Le gouvernement espagnol avait toujours soutenu Radio-Andorre qui avait d'ailleurs accepté de diffuser des informations sous son contrôle et sa censure jusqu'à une période récente. Jacques Trémoulet avait eu aussi une écoute bienveillante dans les gouvernements de Franco et pouvait jouer de cette influence dans le développement de ses radios en Espagne et dans la protection espagnole de Radio-Andorre face aux velléités du gouvernement français. Or, si Jacques Trémoulet n'est plus là, Franco non plus, et le pouvoir espagnol a changé de nature. Depuis 1979, Eirasa, filiale de la RTVE, elle même contrôlée par le gouvernement espagnol s'est fixé comme objectif de prendre le contrôle de Radio-Andorre avant l'échéance des concessions de 1961 pour pouvoir négocier directement avec les autorités andorranes la signature d'un nouveau contrat de concession et, dans le pire des cas, toucher les indemnités de rachat de la station dont elle s'estime propriétaire. A de nombreuses reprises, elle va faire pression sur les dirigeants de Radio-Andorre pour en récupérer l'exploitation.
Le 9 janvier, le Conseil des Ministres Espagnol déclare vouloir "obtenir une nouvelle concession dans le cadre d'un régime de parité avec la Sofirad, exploitante de Sud Radio".
- Le co-prince épiscopal, qui avait toujours soutenu sans faille Radio-Andorre qu'il considérait sous sa protection, se trouve dans une situation délicate. D'une part les dirigeants de Radio-Andorre ont manifesté leur désir de céder la station au Conseil Général, ce qui implique qu'elle ne serait plus sous la protection du co-prince, d'autre part il est difficile pour l'Évêque d'Urgell de désavouer les intérêts espagnols. La solution du maintient de deux radios en Andorre, une contrôlée par la Sofirad et sous protection du co prince français et l'autre contrôlée par Eirasa et sous la protection du co-prince épiscopal lui parait la formule la plus proche de ses intérêts.
La seule carte qui reste entre les mains des dirigeants de Radio-Andorre est celle du Conseil Général qui incarne inéluctablement le seul pouvoir qui va s'imposer en Andorre, le pays aspirant à devenir une République parlementaire dégagée de la tutelle moyenâgeuse de ses co-princes. De 1979 à 1981, Jean Delvigne et Jean-Louis Marquet vont rencontrer lors de dîners, les 4 conseillers de chacune des paroisses andorranes pour leur expliquer leur projet de cession des installations au Conseil Général. D'une manière générale ils vont avoir un accueil plutôt sympathique et des réactions favorables. Si des Conseillers, de culture française, vont leur affirmer qu'ils rejetteront cette cession, il ressort que 15 conseillers se disent favorable à la proposition de Radio-Andorre contre 13 qui la refuseront.
Le 10 janvier, le Conseil Général se réunit donc pour accepter ou refuser la proposition de cession des installations à son profit. Entamant une modernisation des institutions andorranes, le Conseil Général ne peut plus perdre la face face aux pressions "amicales" de ses puissants voisins. Il lui faut démontrer son autorité. Malgré les nombreuses pressions exercées directement à leur encontre à la fois par la Sofirad et par Eirasa, il s'avère qu'un seul conseiller va changer d'avis en refusant l'offre. Donc 14 voix vont accepter la proposition de Radio-Andorre et 14 voix vont la refuser. Dans ce cas, le règlement du Conseil prévoit que la voix du Syndic peut faire la différence, or le Syndic n'est pas favorable à la cession de Radio-Andorre au Conseil et c'est cette décision qui est adoptée. Les dirigeants de Radio-Andorre n'ont plus le soutien du Conseil Général qui a voté contre ses propres intérêts, mais probablement pour sauvegarder quelques intérêts particuliers de quelques uns de ses membres. La démonstration est faite que les institutions sont encore dépendantes du pouvoir des co-princes et que le Conseil a une nouvelle fois perdu la face.
A partir de ce moment les choses vont se précipiter et les opposants à Radio-Andorre vont pouvoir l'attaquer en meutes.
Dès le 19 janvier, le co-prince épiscopal refusera de toucher la redevance mensuelle qui lui était versée par Radio-Andorre depuis de nombreuses années.
Le 26 janvier les Délégués Permanents des 2 co-princes vont se réunir à la Seo d'Urgell pour décider d'accepter la fin des concessions actuelles le 29 mars auprès des Conseillers Majeurs avec la ferme intention, non affirmée mais évidente, de se partager les ondes dans une seconde étape. De son côté, Luis Escurra représentant Eirasa va rencontrer à Paris fin février, M. Xavier Gouyou-Beauchamps, Président de la Sofirad ainsi qu'un délégué de la CLT (RTL) qui avait financé une partie des nouvelles installations de Radio-Andorre. Pour la première fois, la Sofirad et Eirasa vont faire cause commune pour éliminer du jeu les héritiers Trémoulet et les dirigeants actuels de Radio-Andorre.
Radio-Andorre se retrouve seule contre tous : gouvernement français, gouvernement espagnol, co-prince épiscopal, co-prince français et leurs Délégués Permanents, Eirasa, Sofirad, Conseil Général... plus une justice qui n'est pas indépendante et qui est aux ordres des deux coprinces... la partie ne peut plus être gagnée.
Le 26 mars, Eirasa est le premier à attaquer. La justice andorrane étant rendue par deux juges (Batlle) nommés par chaque co-prince, l'administration espagnole a engagé une action civile auprès du Battle épiscopal contre les héritiers Trémoulet dont elle conteste la propriété des installations.
10h30 : Le juge épiscopal (Batlle) intervient dans les locaux de Radio-Andorre accompagné de son secrétaire, d'un huissier et d'un administrateur judiciaire. Le juge a nommé un administrateur judiciaire, M. Mario Montserrat, avocat à Barcelone. Il fait bloquer les comptes de la société. Le jour même, la direction de Radio-Andorre dépose auprès du juge un recours demandant la levée de ces mesures. Ce recours ne sera jamais suivi.
Le même jour, à 17h30, c'est le Conseil Général qui envoie ses représentants Ramon Pla et le notaire Marc Vila à la station pour remettre une lettre destinée à Eirasa lui demandant la fermeture immédiate de la station. Le courrier sera refusé par Jean Delvigne puis qu'il n'a aucun lien avec Eirasa.
Dans la soirée, à 20h30, alors que la direction de Radio-Andorre est reçue dans le bureau du notaire Marc Vila, le nouvel Administrateur, Mario Montserrat, tente un coup de force à la station en exigeant que le personnel présent signe une note individuelle, par laquelle il reconnaît l'administrateur comme seul responsable de la station. Cette intervention maladroite créera un grand émoi parmi le personnel qui refusera de signer cette note.
Fermeture de Radio-Andorre
Le 26 mars 1981 le Conseil Général des Vallées avait envoyé aux deux stations l'ordre de cesser immédiatement leurs émissions. Le 2 avril, devant l'impossibilité de faire signer un protocole d'accord aux Délégués des co-prince pour le transfert de propriétés des installations aux autorités andorranes, le Conseil Général des Vallées décide définitivement la fermeture des deux stations. Un officier de justice est mandaté dans les studios des deux stations pour s'assurer que l'ordre sera suivi d'effets. Jean-Louis Marquet et l'équipe française de Radio-Andorre s'exécutent le soir même à 21h10. Un bref message est lu sur l'antenne, suivi de l'hymne national andorran. Sud Radio interrompt ses émissions à 21h30 sans aucune explication, faisant croire à une panne, mais elle les reprend au bout de 3/4 d'heures et dès le lendemain 3 avril à 7h depuis ses studios de Toulouse reliés par câble spécial à l'émetteur du Pic Blanc en Andorre.
Des manifestations ont lieu en Andorre pour dénoncer le colonialisme français. Le Conseil Général menace de démissionner en bloc et envoie un huissier de justice accompagné de forces de police à l'émetteur du Pic Blanc. Sud Radio est contrainte de cesser ses émissions à 12h37 le 3 avril mais elle dépose un recours suspensif (queixa) auprès des co-princes. La société espagnole Eirasa dépose également un recours suspensif au nom de Radio-Andorre dont elle prétend être la propriétaire. Ces recours suspensifs sont acceptés par les Délégués des co-princes, ce qui signifie que théoriquement les deux stations sont autorisées à reprendre leurs émissions dès le 4 avril. Sud Radio les reprend bien le 4 avril à 12h07. Quant à Radio-Andorre, son problème est que son équipe légitime ne reconnaît pas Eirasa avec laquelle elle n'a aucun lien. Jean Delvigne et Jean-Louis Marquet n'ont déposé qu'un recours simple (reposicio). Le 6 avril l'Assemblée Andorrane confirme la décision de fermeture des deux stations. Le recours de Radio-Andorre est donc rejeté mais celui de Sud Radio s'applique et la station peut poursuivre ses émissions pour une durée de 6 mois. Devant la poursuite des émissions de Sud Radio qui risque une fois de plus de jouer la politique du fait accompli, Jean Delvigne décide de reprendre les émissions de Radio-Andorre le 8 avril à midi. Le 9 avril la police intervient à 19h dans les studios et obtient l'arrêt des émissions à 20h55. Le 10 avril les installations sont remises aux autorités andorranes. Cette fois Jean Delvigne dépose un recours suspensif (queixa) pour pouvoir reprendre les émissions comme sa concurrente. Malheureusement, les recours dépendent de la bonne volonté des Délégués Permanents des Co-princes. Or le co-prince espagnol est du côté d'Eirasa, la société espagnole qui souhaite récupérer Radio-Andorre, et le co-prince français soutient la Sofirad, l'ennemie intime des dirigeants de Radio-Andorre. Le recours qui a donc été accordé à Sud Radio est refusé à l'équipe dirigeante de Radio-Andorre. Ce fait est une preuve supplémentaire de la nécessité de moderniser les institutions andorranes dont les organes de justice semblent peu équitables et trop dépendants du pouvoir exécutif.
Création d'un comité de soutien à Radio-Andorre
Au lendemain de l'arrêt des émissions de Radio-Andorre l'émotion est forte auprès de ses auditeurs qui se mobilisent massivement. En quelques jours, des milliers de lettres de soutien sont envoyées à la station. Une pétition recueille les signatures de toutes les personnalités politiques de la région Midi-Pyrénées, toutes tendances confondues. La Présidente de la Dépêche du Midi qui a toujours soutenu Radio-Andorre, Madame Évelyne J. Baylet, se mobilise pour la station qui reçoit également le soutien de Dominique Baudis, maire de Toulouse, de François Mitterrand, candidat à la Présidence de la République, des Présidents des Conseils Régionaux de Languedoc Roussillon, Midi-Pyrénées et Aquitaine, des Présidents des Conseils Généraux et de nombreux artistes comme Francis Cabrel, Claude Nougaro ou Pierre Perret.Liquidation de Radio Andorre.
Depuis l'arrêt des émissions de Radio-Andorre le 9 avril, le personnel de la station est resté en place dans l'éventualité d'une reprise improbable des émissions. Il continue à toucher son salaire en avril, mai et juin mais en juillet, les salaires sont suspendus. Le 23 septembre, le Juge Épiscopal des Vallées, M. Joan Canturri, constatant le non paiement des salaires, déclare Radio-Andorre en faillite. Un nouvel administrateur judiciaire est nommé. C'est le troisième depuis la mise sous séquestre des biens de la station le 10 avril. Ces administrateurs n'ont pas fait face à toutes les obligations de l'entreprise, notamment le paiement des salaires. Les propriétaires de la station, par la voix de Jean Delvigne, dénoncent cette manœuvre et interjettent appel auprès du juge des appellations de Barcelone. En effet ils estiment que le juge Épiscopal aurait pu accepter de contracter un emprunt garanti par les biens de la station. La dette de Radio-Andorre, salaires compris, n'excède pas 3 % de la valeur des biens de la station (immeubles et matériel). Enfin Jean Delvigne et les frères Marquet dénoncent le choix du dernier administrateur qui n'est autre que Gualbert Osorio, l'animateur des émissions espagnoles de la station depuis plus d'une dizaine d'années. Ils lui reprochent d'avoir été un sous-marin de la société Eirasa au sein même de la station et d'avoir travaillé pour les intérêts de l'Espagne contre ceux de l'équipe dirigeante de la station. En bloquant les salaires des employés sans toute fois leur proposer un licenciement économique et une indemnité avec promesse de réengagement dans l'hypothèse d'une reprise des émissions, il semble bien que les autorités judiciaires andorranes, encore sous le contrôle de l'Espagne, souhaitent faire tomber la station dans les mains de la société Eirasa. Une fois l'équipe française évincée, Eirasa ayant obtenu un recours suspensif au nom de Radio-Andorre, elle pourrait ainsi reprendre les émissions sous son nom comme Sud Radio. Malheureusement pour Eirasa, les événements vont encore en décider autrement. Le 30 septembre 1981, le Conseil Général des Vallées (par 19 voix contre 8), les Déléguées Permanents des Co-Princes ainsi que les 7 Conseillers majeurs de la Principauté ratifient un protocole retirant définitivement la gestion des radios andorranes à leur anciens propriétaires qui seront indemnisés mais n'auront plus aucun rôle à jouer. Sofirad, Eirasa et équipe dirigeante de Radio Andorre se voient donc enlever toute possibilité de poursuivre une quelconque activité en Andorre.Chronologie - 1981
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10 janvier 1981 :
Un vote très important a lieu au Conseil Général, celle de la réponse à la direction de Radio-Andorre à sa proposition de céder les installations au Conseil Général. Le vote est de 14 voix contre 14. Le Syndic ayant le pouvoir de départager, il décidera de rejeter la proposition de cession des installations.
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19 janvier 1981 :
La redevance qui est versée chaque mois depuis de nombreuses années au co-prince épiscopal est refusée par les services de la Viguerie.
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26 janvier 1981 :
Réunion des Conseillers majeurs et des Délégations
Permanentes.
Il est admis par tous que les concessions de 1961
prendront fin définitivement le 29 mars 1981. D'ici là,
une solution sera recherchée de part et d'autre pour
l'exploitation des stations andorranes
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11 février 1981 :
Décès de l'avocat de Radio-Andorre, Maître Ferrer.
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Fin février 1981 :
Luis Escurra (Eirasa) rencontre Xavier Gouyou-Beauchamp (Sofirad) et un responsable de la CLT à Paris.
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12 mars 1981 :
Remise des inventaires de Sud Radio au représentant du Conseil Général.
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25 mars 1981 :
Le Conseil Général adopte les mesures suivantes :
- Dépôt d'une caution de 10 millions de pesetas en
exécution du droit de rachat du matériel des radios par le
Conseil Général.
- Notification aux concessionnaires par Ramon Pla
accompagné de Marc Vila, notaire, d'avoir à prendre
contact rapidement avec la syndicature pour signer le
document de cession avec le Conseil Général des Vallées
- En cas de refus de la part des concessionnaires, il sera
procédé à la fermeture des stations.
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26 mars 1981 :
Radio-Andorre et Sud Radio reçoivent l'ordre de cesser leurs émissions depuis la Principauté.
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26 mars 1981 :
17h30 : c'est MM. Pla et Vial, représentant le Conseil Général qui interviennent à la station pour remettre une lettre du Conseil adressée à Eirasa lui ordonnant de cesser les émissions. Jean Delvigne refuse de réceptionner cette lettre.
Le même ordre de cesser les émissions est signifié à Sud Radio.
20h30 : Le nouvel administrateur judiciaire espagnol tente de faire signer au personnel présent à la station une note individuelle reconnaissant sa seule autorité sur la station.
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29 mars 1981 :
A 00h les concessions de 1961 ont pris fin officiellement.
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31 mars 1981 :
L'administrateur judiciaire ne s'est pas présenté à la station depuis le 28 mars. Il est le seul habilité à signer les chèques pour les salaires du personnel puisque les comptes de la station ont été bloqués.
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1er avril 1981 :
L'administrateur judiciaire, Mario Montserrat, fait savoir à la direction de la station qu'il ne pourra pas signer les chèques des salaires parce qu'il vient de démissionner de ses fonctions.
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2 avril 1981 :
Un nouvel administrateur judiciaire, M. Farras, est nommé. Il procède, dans la soirée, au règlement des salaires.
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2 avril 1981 :
Devant le refus de la Sofirad et de Eirasa de signer l'acte de cession des installations, le Conseil Général décide de la fermeture immédiate des deux stations. .Dans la soirée le Batlle épiscopal M. Canturri et le Batlle français, M. Riberaygue, accompagnés de leurs secrétaires et d'un huissier viennent signifier à Radio-Andorre d'arrêter immédiatement ses émissions. Les émissions cesseront à 21h30. La même mesure sera prise à Sud Radio qui cessera ses émissions depuis son studio d'Andorre, pour les reprendre plusieurs minutes plus tard, depuis son studio de Toulouse.
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3 avril 1981 :
Alors que Sud Radio poursuit ses émissions depuis son studio de Toulouse, les deux juges français et espagnols se rendent aux émetteurs des deux stations pour leur interdire de se remettre en marche. A l'émetteur de Sud Radio au Pic Blanc, il faudra l'intervention de la police pour que l'émetteur soit fermé. Sud Radio ne peut donc plus émettre.
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4 avril 1981 :
Les recours déposés par la Sofirad et par Eirasa sont acceptés. Les émissions peuvent reprendre sous leur responsabilité en attendant le jugement définitif. Elles reprennent à Sud Radio à 12h15. Mais à Radio-Andorre, le recours de l'équipe dirigeante a été refusé et comme elle ne reconnaît pas Eirasa, les émissions ne peuvent pas reprendre.
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6 et 7 avril 1981 :
Nouvelle réunion extraordinaire du Conseil Général qui est furieux de l'acceptation des recours par la justice andorrane aux ordres des deux co-princes..
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8 avril 1981 :
Radio-Andorre reprend ses émissions à midi sur ordre de Jean Delvigne..
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9 avril 1981 :
La police andorrane intervient dans les studios et fait à nouveau cesser les émissions à 20h55.
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10 avril 1981 :
Les installations de Radio-Andorre sont remises officiellement aux autorités andorranes par la Direction de Radio-Andorre.
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11 avril 1981 :
Jean Delvigne dépose un recours suspensif pour obtenir la réouverture de la station et renouvelle son accord pour qu'elle passe sous le contrôle du Conseil Général. Les Délégués des co-princes ne donnent aucune suite à ce recours.
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24 avril 1981 :
Radio-Andorre reçoit le soutien du candidat socialiste aux élections présidentielles, François Mitterrand.
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23 septembre 1981 :
Le Juge Épiscopal des Vallées déclare Radio-Andorre en faillite.
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30 septembre 1981 :
Le Conseil Général ratifie une décision prise par les 2 co-princes par 19 voix contre 8 : Les installations des deux stations deviendront la propriété des autorités andorranes par l'intermédiaire d'une "entité andorrane de radiodiffusion". Les propriétaires actuels seront indemnisés.
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13 octobre 1981 :
La nationalisation des émetteurs andorrans est ratifiée.
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6 novembre 1981 :
L'Assembla Magna, la plus haute instance d'Andorre, vote à l'unanimité la décision de fermeture des stations andorranes..
Et après ?
Durant l'été 81, les représentants des deux co-princes, le nouveau Président de la République française, François Mitterrand et l'Évêque d'Urgel négocient avec le Conseil Général un nouveau protocole d'accord qui est entériné le 30 septembre 81. Ce protocole prévoit la mise en place d'une Commission provisoire de gestion, composée de Ramon Pla, directeur de télécommunication andorranes (représentant le Conseil Général) et de M. Jacques Bomonti, technicien des télécommunications françaises (représentant les co-princes). Cette commission, prévue pour une durée de 4 mois, doit procéder à la fermeture de Sud Radio puis à la reprise des émissions des deux stations sous l'autorité du Conseil Général des Vallées. Sud Radio accepte cette décision. Mais en Andorre, les choses ne se passent jamais comme prévu. Les co-princes, qui comme leur nom le laisse penser sont deux, décident que leur représentant sera en alternance M. Bomonti (représentant la France) et un avocat de Seo d'Urgel (représentant l'Espagne). Cette décision est rejetée par le Conseil des Vallées, donc la commission ne voit pas le jour, et les émissions de Sud Radio ne sont pas interrompues. Devant ce désaccord supplémentaire entre les co-princes et le Conseil Général des Vallées, il est décidé de réunir l'instance suprême de la Principauté, l'Assembla Magna. Cette assemblée décide le 6 novembre 81 de confirmer la fermeture des deux stations mais ne trouve aucune solution pour mettre en place la nouvelle structure destinée à créer un nouvel organisme national de radiodiffusion. La Sofirad, profitant des tergiversations andorranes, a eu la possibilité entre-temps de trouver une solution pour sauvegarder ses intérêts dans Sud Radio : Les Andorrans veulent fermer les installations de radiodiffusion situées en Andorre ? peu importe, Sud Radio a des studios à Toulouse, et TDF va lui louer un émetteur sur le territoire français aux Muret (ex émetteur de France-Inter). Fin 81, le monopole de diffusion de l'État n'est pas encore aboli en France, mais sur le point de l'être avec le nouveau gouvernement socialiste. Sud Radio anticipe légèrement cette réforme comme des centaines de radios libres qui émettent déjà sur le territoire français. Sud Radio arrête son émetteur andorran du Pic Blanc le 6 novembre 1981 à 20h48. Le 15 novembre 81 à midi, elle met en service son nouvel émetteur français de Muret. Elle se développera sur une grande partie Sud de la France avec de nombreux émetteurs MF.
Quant à la Sofirad, le nouveau pouvoir socialiste mettra Xavier Gouyoux Beauchamps en disponibilité. En 1981, elle prendra une participation dans une radio gabonnaise, Africa n°1 et diversifiera ses activités dans la production de films.
En Espagne les choses bougent également. A partir de janvier 1981, la RTVE a cessé d'être un rouage du gouvernement pour devenir un organisme indépendant. Un nouveau directeur général, Fernado Castelo, est nommé le 9 janvier 1981 directeur général de la RTVE. Le 23 février 1981, une tentative de coup d'État sera déjouée au Parlement espagnol. Eirasa va disparaître à son tour dans les bouleversements de l'audiovisuel espagnol. Mais une nouvelle entité va la remplacer : la Proersa qui tentera de relancer une Radio-Andorre sous son contrôle en 1984.
Quant à Radio-Andorre, elle ne sera remplacée qu'en 1991 par une radio nationale andorrane n'émettant qu'en catalan, en modulation de fréquence sur le seul territoire de la Principauté. Il aura fallu dix ans pour que la situation de la radio en Andorre trouve une issue. Les antennes du lac d'Engolasters resteront à jamais muettes mais plusieurs générations d'auditeurs garderont toujours présent au fond de leur souvenir l'indicatif "Aqui Radio Andorra".

1981 | Les programmes
La dernière émission de Radio-Andorre.
Le jeudi 2 avril 1981 à 21h30, sous la pression des autorités, Radio-Andorre décide d'arrêter son programme plus tôt que d'habitude. A la place de l'émission espagnole qui commence habituellement à cette heure c'est Gilles Marquet, le Directeur de la station qui est au micro. Il annonce brièvement et avec sobriété les raisons de la fermeture de l'antenne signifiée par deux juges andorrans mandatés par le syndic général des vallées. Son intervention est suivie de la diffusion de l'hymne national andorran. Les auditeurs médusés et la gorge serrée n'entendront plus que du grésillement sur la longueur d'ondes qu'ils avaient l'habitude de capter depuis de très nombreuses années.Nous n'avons, malheureusement, jamais retrouvé d'enregistrement de cette dernière émission. Si vous possédez cet enregistrement, merci de nous contacter.
La direction de la station s'étant engagée avec la municipalité de Canet à assurer, comme chaque année, les émissions de l'été depuis Canet-Plage, elle honorera son engagement en envoyant sur place ses animateurs et techniciens pour animer les émissions quotidiennes. Si les émissions ne peuvent plus être retransmises par Radio-Andorre, la municipalité de Canet créera pour la circonstance une radio libre en respectant la nouvelle législation qui interdit la publicité et limite la puissance de l'émetteur MF. Gilles Marquet, Arty Parera et une partie de l'équipe seront au micro pour animer ces émissions faites avec de faibles moyens et sans artistes prestigieux, mais le contrat sera honoré.
Mercredi 28 mars 1981 | Grille de programmes
◼︎ 09h00 : L'ACTUALITÉ AU FÉMININ : Anne-Marie Vincent.
◼︎ 10h00 : MERCREDI CHAUD, émission pour les enfants de Christine Fontane
◼︎ 12h00 : LE MAGAZINE DES PAYS D'OC : Présenté par Christian Guillard, et Alain Tibolla
◼︎ 13h30 : LES JEUX
◼︎ 16h00 : DISQUES D'OR - Arty Parera.
◼︎ 19h00 : LE JOURNAL de Christain Guillard
◼︎ 19h30 : STEPHANE LARRA
◼︎ 21h00 : LE MAGAZINE DES VALLÉES D'ANDORRE
1981 | Équipe
La dernière équipe
Depuis plus de 40 ans Radio-Andorre donnait chaque année leur chance à de jeunes animateurs qui faisaient leurs premières armes devant un micro. Certains sont devenus célèbres dans ce métier, d'autres sont retournés à l'anonymat. En cette année 1981, devant la dispersion d'une partie de l'équipe, Radio-Andorre embauche un dernier animateur, Jean-Paul Merlin, qui n'assurera que quelques semaines d'animation avant l'arrêt de l'antenne. Les animateurs et techniciens de la station, même s'ils espèrent encore une reprise des émissions, ne se font plus guère d'illusions sur leur avenir à Radio-Andorre. Les CV sont envoyés aux autres stations comme RMC, RTL ou Europe 1. Sud Radio, en raison des incertitudes qui pèsent également sur son avenir, n'est plus la radio refuge pour les anciens animateurs de Radio-Andorre. Heureusement, en 1981, le monopole de la radio éclate en France et les projets de créations de radios libres sont nombreux. Beaucoup d'animateurs de Radio-Andorre se lanceront dans cette aventure.
Les émissions de Radio-Andorre sont stoppées en avril mais la direction de la radio demande à son personnel de continuer à faire acte de présence. Quelques uns saisissent les nouvelles opportunités qui s'offrent à eux et démissionnent. Mais une équipe resserrée reste en place derrière Gilles et Jean-Louis Marquet et le Directeur des programmes Arty Parera.
Paul Cousse à l'émetteur et André Coll à la technique, termineront leur carrière à Radio-Andorre. Miquel Castillo, autre technicien de l'émetteur partira pour la FHASA (Forces hydroélectiques d'Andorre).
Le dernier cercle d'animateurs sera composé d'Alain Tibolla, Arty Parera, Benoît Laurent, Anne-Marie Vincent, Stéphane Larra, Christian Guillard et le dernier venu Jean-Paul Merlin. Corrine part sur RMC à Monaco en mai. D'avril à juillet, les salaires continuent à être versés, et les animateurs occupent leur temps comme ils peuvent : piscine dans le bassin de l'émetteur, ping-pong, tennis, bronzette sur le parvis de la station... la décontraction a toujours été de mise sur cette station. Les techniciens testent l'émetteur deux fois par semaine. Malheureusement, les salaires cessent d'être versés en juillet et pire encore, les permis de travail délivrés aux français par les autorités andorranes arrivent à échéance. En novembre, la Direction de Radio-Andorre prévient les quelques 38 personnes qui font encore partie des effectifs que l'aventure est désormais terminée.
Organigramme - 1981
-
Président :
Jean Delvigne
-
Directeurs Généraux :
Gilles Marquet
Jean-Louis Marquet
-
Directeur des programmes :
Arty Parera
-
Services artistiques
Alain Tibolla
Coordinatrice des Programmes :
Juana Tellez
Animateurs français :
Alain Tibolla
Michel Borry
Arty Parera
Benoit Laurent
Stéphane Larra
Gilbert Etienne
Christian Poncet
Corinne
Olivier Penin
Jean-Paul Merlin
Journalistes et reporters :
Catherine Laurens
Christian Guillard
Jean-Jacques Debezy (Toulouse)
Robert Marcet (Toulouse)
René Hervé (Biarritz)
Claude Ferran (Albi)
Jacques Pelletier
Marie-France Many
Benjamin Franck
Animateur en catalan :
Josep Casemajor
Animateur en occitan :
Miguel Rossolin
Animateurs espagnols :
Gualbert Osorio
Angelines Gutiérrez
Responsable de la Publicité :
Montserrat Rodriguez
-
Techniciens émetteur :
Jean-Louis Marquet
Techniciens :
Paul Cousse
Frederico Palmitjavila
Miguel Castillo
Firmy Malleu
Miquel Rouch
Patrice Lavigne
Pere Novau
-
Opérateurs du son :
Opérateurs du son :
André Coll
Edouard Monzo
Ramon Sanchez
Thierry Morat
Fernando Orcajo
Guy Minthorne
Philippe Couderc
Manel Morata
-
Administration :
Administration :
Claude Codina
Anna Doladé
Mercedes Puigcercos
Carmen Valencia
Hélène Sanchez
Marie-Claude Firmy
Les biographies.
.
1981 | Informations techniques
Identification
Logo :
Indicatif :
"Aqui Radio-Andorra, emisora del Principado de Andorra
Ici Radio-Andorre, émission de la Principauté d'Andorre"
Slogan :
La Radio des Pays d'Oc
Fréquences
Ondes moyennes :
428 m - 701 Kc
Émetteur :
Brown Boveri
Puissance : 250 kw
Ondes courtes :
48,15m - 6230 kc
Émetteur :
Brown Boveri
Puissance : 25 kw
Adresses
Studio :
Roc des Anelletes
BP 1
Andorre-la-Vieille
Principauté d'Andorre
Émetteur :
Encamp
Principauté d'Andorre
Régie publicitaire
Pour la France :

- MIDI MEDIA
16 rue de Passy - Paris 16e
44 rue Bayard - 31000 Toulouse
Pour l'Espagne :
- PIRSA Diego de Leon, 50 - Madrid
- CASCASA Paseo de Gracia, 12 - et RAPRO Obispo Catala, 40-42 Barcelona
1981 | Documents
Documents internes






Documents inédits


Articles de presse






















































Archives sonores

sources : Dominique Duée

sources : Dominique Duée

sources : Thierry Hamon

sources : Thierry Hamon

sources : Thierry Hamon
1981 | Sources.
Sources bibliographiques :
- FRANK TÉNOT - Radios Privées Radios Pirates - Ed Denoël 1977
- RENÉ DUVAL - Histoire de la Radio en France - Ed Alain Moreau 1980
- CHRISTIAN BROCHAND - Histoire Générale de la Radio et de la Télévision en France Tome 2 1944-1974 - CHR La Documentation Française - 1994
- EUGENIO GIRAL QUINTANA - La radiodifusión en Andorra. Política, economía y espacio comunicacional en un país dependiente - Université de Barcelone - 1988
Crédits photographiques de cette page.
- Photo
avec Benoît Laurent : Archives personnelles de Benoît Bigois
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Printz
- Journal La Dépêche du Midi. Archives privées de Jean-Marc Printz
- Journal Sud-Ouest Article de Dominique Manenc. Archives privées de François Chevalier
- Journal
La Vanguardia - Article de Gualbert Osorio -
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Archives sonores :
- Extraits n° 1,2 : Archives personnelles de Dominique duée.
- Extraits
n° 3, 4, 5 : Archives personnelles de Thierry Hamon.
Documents internes :
- Archives privées de Benoit Bigois (Benoit Laurent)
Informations et témoignages :
- Jean-Louis Marquet, Georges Maltot, Benoit Bigois.
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