1936
1936 | Les événements.
Les premières entraves au projet Radio-Andorre.
Durant le premier semestre 1936, plusieurs événements risquent
de compromettre le projet Radio-Andorre.
L'avènement du front populaire en France en juin 1936 n'est pas
une bonne nouvelle pour les partisans de la radio privée qui
risque d'être interdite en France. Cette menace conforte bien la
volonté de Jacques Trémoulet de construire un poste périphérique.
Malheureusement, en ce début 1936, il manque toujours la signature
du co-prince français au bas du contrat de concession.
Le deuxième événement, moins prévisible, est le décès en juin 36,
de Bonaventura Vila Ribes, le bénéficiaire du contrat de
concession de la radiodiffusion en Andorre. Jacques Trémoulet est
obligé désormais de traiter avec ses héritiers et en particulier
sa fille, Madame Lolita Vila et son mari Monsieur Stanislas
Puiggros. Finalement ce changement d'interlocuteurs s'avérera une
bonne chose pour Jacques Trémoulet.
Le 3 août, le contrat de concession entre Le Conseil Général des
Vallées et Stanislas Puiggros est prolongé de 30 années
supplémentaires, ce qui lui donne une échéance en 1995 au lieu de
1965.
Le 10 août, deux accords sont signés entre Puiggros et
Trémoulet-Kierzkowski : le premier confirme bien l'accord
d'association entre eux pour l'exploitation de la station, l'un
apportant sa concession et l'autre son savoir-faire. Le
deuxième accord fixe les modalités financières pour le financement
des travaux par Trémoulet et Kierzkowski et leur garantit la régie
exclusive de la station durant toute la vie de la station, à
l'exception de l'Espagne et du Portugal qui resteront en régie
auprès de Puiggros.
Le 18 août 1936 un contrat conforte les intérêts de Trémoulet dans
l'exploitation du futur poste et qui retire tout pouvoir aux
héritiers Vila Ribes. Trémoulet et Kierzkowski seront les seuls
détenteurs du capital de la nouvelle station en échange d'une
indemnisation financière aux héritiers Vila-Ribes. Ce contrat
prévoit aussi que Stanislas Puiggros reste administrateur de la
nouvelle société et percevra une indemnité mensuelle durant la
durée de la concession.
Les difficultés viennent du gouvernement français.
Le Préfet de Perpignan, délégué du co-prince français, prend acte
du transfert des droits de Vila Ribes à sa fille pour
l'exploitation d'un poste de radiodiffusion en Andorre, mais il
exige des garanties qu'il adresse au délégué espagnol. Avant toute
construction d'un poste en Andorre, il faudra que ce dernier
respecte un certain nombre de contraintes dont la principale est
une limitation de la puissance à 200 watts, ce qui l'empêcherait
de déborder les frontières de l'Andorre et ne couvrirait
probablement même pas toute la Principauté. L'objectif du
gouvernement français et de son nouveau ministre des PTT, Robert
Jardillet, est clair : Oui à une radio andorrane, à condition
qu'elle ne soit pas audible en France.
Il va de soit que cette décision ne peut pas satisfaire Jacques
Trémoulet car elle ne serait pas viable économiquement. Elle ne
satisfait pas non plus les andorrans qui comptaient bien sur cette
radio pour sortir leur pays de son isolement. Le gouvernement
français s'appuie en outre sur le plan international de Lucerne
qui ne prévoyait pas d'attribution d'une longueur d'ondes pour
l'Andorre. Seule l'onde commune internationale sur 200 m peut lui
être accordée à condition que l'émetteur soit d'une puissance très
faible.
Fin septembre 1936, le Délégué de la Mître, représentant le
co-prince épiscopal, fait savoir qu'il n'accepte pas les garanties
exigées par les français. Il émet des réserves sur l'interdiction
qui serait faite à l'Andorre d'utiliser une longueur d'ondes,
alors que la Principauté de Monaco, dont la surface du territoire
est largement inférieure à celle de l'Andorre, bénéficie d'une
longueur d'ondes qu'elle n'utilise d'ailleurs pas. Il insiste sur
la nécessité pour l'Andorre de se doter d'un outil culturel de
rayonnement et sur les bienfaits qu'une station de radio pourrait
apporter au rapprochement entre les peuples et en particulier
entre l'Espagne et la France dont l'Andorre est le trait d'union.
On apprend aussi dans cette réponse que le gouvernement français
souhaitait confier la direction de ce futur poste à un conseil de
gérance, comme pour les postes d'État en France. Le Délégué de la
Mître confirme que la direction du poste ne pourra être confiée
qu'à ses exploitants.
Par ailleurs, Jacques Trémoulet essaie de faire jouer ses
relations et en particulier le très influent sénateur de l'Ariège,
Paul Laffont, mais en vain.
La décision du ministère des PTT français est confirmée en
décembre 1936 au ministre des Affaires étrangères.
Le projet Radio-Andorre est gelé en cette fin 1936.
Chronologie - 1936
-
1er janvier 1936 :
Jacques Trémoulet crée la régie publicitaire "Radio Information" avec son associé Léon Kierzkowski. Cette société prend la régie publicitaire de toutes les stations du groupe et sera la future régie de Radio Andorre.
-
20 mars 1936 :
Une loi taxe lourdement la publicité radiophonique en France.
-
4 juin 1936 :
Avènement du Front Populaire en France.
-
10 juin 1936 :
-
2 juillet 1936 :
Madame Lolita Vila, épouse Puiggros et fille de M. Vila Ribes écrit au délégué du co-prince français pour lui annoncer la mort de son père dont elle hérite du contrat de concession.
- 10 juillet 1936 :
Le délégué du co-prince français prend acte mais exige des garanties.
- 3 août 1936 :
Le Conseil Général des Vallées accorde à M. Stanislas Puiggros (Estanislas Puiggros Comas) et à son épouse, Mme Vila Puiggros, la prolongation du contrat de concession qui passe de 30 à 60 ans.
- 10 août 1936 :
Deux accords sont signés entre Jacques Trémoulet - Léon Kierzkowski et Stanislas Puiggros : l'un confirme leur association pour l'exploitation du futur poste émetteur, l'autre les modalités financières entre eux pour le financement de l'installation et la future régie publicitaire.
- 18 août 1936 :
Un contrat d'association est signé à Toulouse entre MM. Trémoulet et Kierzkowski et Stanislas Puiggros. Il fixe les conditions d'exploitation de la future station.
- fin septembre 1936 :
Le co-prince épiscopal fait savoir qu'il ne comprend pas les garanties exigées par son homologue français.
- 26 décembre 1936 :
Malgré les pressions exercées par Jacques Trémoulet auprès de l'Administration française, celle-ci, par l'intermédiaire des PTT, adresse au ministère des Affaires étrangères une lettre dans laquelle elle s'oppose à l'installation d'un poste à forte puissance.
1936 | Documents.
Documents internes



Articles de presse.
1936 | Sources.
Sources bibliographiques
- FRANK TÉNOT - Radios Privées Radios Pirates - Ed Denoël 1977
- RENÉ DUVAL - Histoire de la Radio en France - Ed Alain Moreau 1980
- CHRISTIAN
BROCHAND -
Histoire Générale de la Radio et de la Télévision en
France Tome 1 1921-1944 - CHR La Documentation
Française - 1994
- EUGENIO GIRAL QUINTANA - La radiodifusión en Andorra. Política, economía y espacio comunicacional en un país dependiente - Université de Barcelone - 1988
- JEAN-PIERRE CÉLÉRIER - La Radio à Toulouse (1925 - 1945) La puissance du Groupe Trémoulet. Université de Toulouse II Le Mirail 2002
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