1944
1944 | Les événements.
Dernière tentative de prise de contrôle de Radio-Andorre par les Allemands..
En 1944, pour s'accaparer de l'émetteur de Radio-Andorre, les allemands intensifient encore leurs menaces d'un côté et leurs propositions alléchantes de l'autre.En avril 1944, l'ambassade allemande à Vichy adresse au
gouvernement français une note de protestation dans laquelle elle
reproche à Radio-Andorre d'utiliser son émission "Le Concert des
Auditeurs" pour diffuser des messages vers la Grande-Bretagne lors
des dédicaces de disques des auditeurs. Il est vrai qu'à cette
époque, un simple "coucou de Bébert à Paulette" peut être
interprété comme un message codé. Après la libération on
reprochera à la station ces mêmes messages des auditeurs en les
qualifiant de "messages destinés aux espions allemands".
En mai 44, les allemands tentent une nouvelle fois de contrôler
Radio-Andorre. Cette fois l'approche est plus sournoise.
Inter-Radio ne demande plus à participer au capital, ni de louer
les antennes. Il est proposé à Radio-Andorre d'acheter de l'espace
publicitaire sur son antenne... après tout, n'est-elle pas une
station commerciale ? Jacques Trémoulet invoque le pouvoir de
censure du co-prince épiscopal et multiplie une nouvelle fois les
démarches administratives pour ne pas accéder à cette demande.
Cette nouvelle initiative s'enlisera comme les précédentes.
En juin 44, Radio-Andorre est l'objet de dénonciations anonymes
auprès de l'ambassade d'Allemagne à Vichy. On lui reproche d'être
le centre d'une filière organisée pour le passage de Français pour
les Forces Françaises Libres d'Afrique du Nord via l'Espagne.
Sur ce prétexte, Léo Eigner, représentant de l'Inter-Radio
allemande, rencontre à nouveau Jacques Trémoulet en Andorre pour
le persuader une dernière fois de signer un accord entre
Inter-Radio et Radio-Andorre. Mais le 6 juin 1944, la nouvelle du
débarquement allié en Normandie arrive en Andorre. La station n'y
fait aucune allusion à l'antenne mais les allemands commencent à
avoir d'autres préoccupations que de récupérer la station.

Chronologie - 1944
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avril 1944 :
Les allemands reprochent à Radio-Andorre d'utiliser l'émission "le Concert des Auditeurs" pour faire passer des messages vers l'Angleterre.
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mai 1944 :
Nouvelle tentative de prise de contrôle des allemands par le biais d'achats d'espaces publicitaires.
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4 juin 1944 :
Les allemands reprochent à Radio-Andorre d'être au centre d'un réseau de passages vers l'Espagne.
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10 août 1944 :
Jacques Trémoulet transfert en Andorre une partie du matériel de ses stations françaises, Radio Toulouse, Radio Agen et Radio Montpellier. Raison invoquée : éviter sa destruction par les allemands en retraite.
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15 août 1944 :
Les alliés débarquent en Provence et les Allemands décident d'évacuer le midi de la France. Toulouse est libérée le 19 août 1944. Avant leur départ, les allemands dynamitent l'émetteur de Radio Toulouse.
Un administrateur provisoire, René Laporte, est nommé à Radio Toulouse. Un mandat d'arrêt est lancé contre Jacques Trémoulet et Léon Kierzkowski pour "intelligence avec l'ennemi".
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20 août 1944 :
La régie Radio-Informations cesse toutes ses activités commerciales.
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20 août 1944 :
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25 août 1944 :
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décembre 1944 :

La France est libérée, Radio-Andorre poursuit ses émissions.
En août 1944, Paris et Toulouse sont libérées et les
nazis sont repoussés vers les frontières de l'Est. A
Toulouse, les équipes de Jacques Trémoulet évacuent
Radio-Toulouse qui est récupérée par la Résistance. La
station connaît le même sort que Radio Paris qui ne sera
plus autorisée à poursuivre ses émissions. Ses
propriétaires et animateurs, craignant d'être inquiétés
pour fait de collaboration, quittent le territoire. Un
mandat d'arrêt est lancé contre Jacques Trémoulet et Léon
Kierzkowski. Jean Roy, le principal animateur de Radio
Toulouse, se réfugie en Allemagne.
Quant à Radio-Andorre, elle poursuit ses émissions sans la
moindre interruption et sans faire allusion aux événements
historiques qui se déroulent. La neutralité de la
Principauté qui l'avait protégée des tentatives de
récupération nazie, la protège aujourd'hui de la
récupération des médias français par la Résistance.
Mais depuis quelques mois, la station avait multiplié les tentatives de rapprochement avec les Alliés. En juin 1944, un rapprochement avec un groupe américain est envisagé puis abandonné, Jacques Trémoulet n'ayant jamais sacrifié l'indépendance d'aucune de ses stations. A la Libération, c'est une société anglaise qui est approchée pour prendre la régie publicitaire de la station. Mais là aussi, l'opération ne se fera pas et le projet sera abandonnée en 1946.
Devant l'épuration opérée en France contre les collaborateurs, Jacques Trémoulet quitte le territoire pour sa sécurité. En décembre 44, il décide de rejoindre l'Espagne en passant par l'Andorre. Michel Bannel, son beau frère, l’a accompagné en voiture jusqu’à Tarascon-sur-Ariège. Ils étaient accompagnés de Guy Comminges le (futur) gendre de Jacques Trémoulet, qui connaissait les passages pour se rendre en Principauté. Le 22 décembre 1944, Jacques Trémoulet et Guy Comminges sont partis à pied en direction de l’Andorre en passant par la vallée au-dessus de Tarascon et de Vicdessos. Ils ont dormi dans un abri de chantier de construction d’une conduite forcée qui partait d’une retenue. Le 23 au matin il y avait du brouillard et beaucoup de neige. Ils n'ont repris la route vers l'Andorre que lorsque le brouillard s'est levé et sont entrés en Andorre par El Serrat, au nord de la Principauté. Le 24 décembre Radio-Andorre a diffusé à plusieurs reprises « le chapeau de zozo » de Maurice Chevalier pour signaler à Michel Bannel que le passage s’était bien passé et que Jacques Trémoulet était en Andorre. Il n'y restera que peu de temps et rejoindra l'Espagne.

Campagne publicitaire de Radio-Andorre en Espagne en 1944.
Jacques Trémoulet, en fuite en Espagne, après la prise de contrôle par la Résistance de sa station "Radio-Toulouse" lors de la Libération de la ville, a l'intuition que Radio-Andorre risque d'être inquiétée à son tour. La fermeture de Radio-Informations, la régie publicitaire française de Radio-Andorre, compromet également les ressources de la station puisées essentiellement sur le marché publicitaire français qui lui devient inaccessible. Jacques Trémoulet souhaite donc doper la station du côté ibérique et décide d'une campagne dans la presse et les revues espagnoles dès 1944. Mais le marché publicitaire espagnol est moins fructueux que le marché français en raison de la concurrence des radios commerciales du pays. Et le problème majeur est surtout qu'aucune grande ville espagnole ne peut entendre la station dans la journée. Il faut attendre la tombée de la nuit pour que les ondes de Radio-Andorre atteignent Barcelone ou Madrid, alors qu'en France la station est audible toute la journée dans la une grande moitié sud du pays.Le slogan de campagne est "La Amiga del Hogar" c'est-à-dire "L' Amie du Foyer". Deux visuels : la photo de l'émetteur d'Encamp et une gravure où l'on voit un couple dans son salon où trône à leur côté une poste récepteur. Sans oublier de mentionner aussi les fréquences en Ondes Courtes et en Ondes Moyennes.
1944 | Les Programmes.
De la musique, toujours de la musique.
Le programme musical de la station continue
imperturbablement quels que soient les événements. Il est
composé de courtes sessions de 3 titres d'un même genre
musical, d'une annonce du speaker et de 3 autres titres. Les
horaires de diffusion de la station fin 44 sont :
- 12h à 14h
- 19h à 24h
Si les programmes de la station n'étaient plus annoncés depuis
1942 par les journaux de l'occupation "Les Ondes" et "Radio
Nationale", ils ne le sont pas plus par le nouvel hebdomadaire
"Radio 44". Néanmoins ce journal annonce les longueurs d'ondes
de Radio-Andorre et ses horaires de diffusion.
jeudi 8 juin 1944 | Grille de programmes
◼︎ 19h00 : CONCERT DES AUDITEURS - CONCIERTO DEL RADIOYENTE ◼︎ 19h35 : Variétés ◼︎ 19h45 : CONCERT DES AUDITEURS - CONCIERTO DEL RADIOYENTE ◼︎ 20h10 : Variétés ◼︎ 20h20: Concert
◼︎ 21h00 : Danses exotiques ◼︎ 21h20 : Chorales de Jazz ◼︎ 21h40 : Valses
◼︎ 22h00 : CONCERT DES AUDITEURS - CONCIERTO DEL RADIOYENTE ◼︎ 23h15 : Musiques de danse ◼︎ 23h40 : Opéra ◼︎ 23h50 : Chansons ◼︎ 00h10 : Zarzuelas ◼︎ 00h20 : Tangos ◼︎ 00h30 : Fin des émissions
1944 | L'Équipe
En cette période troublée, Radio-Andorre va accueillir à la fois des jeunes français qui veulent échapper au Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne mais aussi, après la Libération, des personnes qui auraient pu être inquiétées en raison de leur collaboration effective ou supposée avec les Allemands. Pour ces raisons, aucune information susceptible de dévoiler l'identité des personnels de la station ne sera communiquée. Etienne Laffont assure toujours la Direction de la station et Victoria Zorzano en est toujours la voix vedette. A l'émetteur, c'est toujours Lucien Killmayer qui en assure la maintenance. Dès le mois de juin 44, Jacques Trémoulet va protéger sa famille. Sa fille Monique sera envoyée en Andorre, où elle va s'occuper des programmes jusqu'en décembre. Elle sera même présente au micro de la station en juin et juillet 1944 avec deux jeunes speakers très sympathiques dont l'un d'eux se nomme Deneronde.
1944 | Informations techniques
Identification
Logo :
Indicatif officiel :
"Ici Radio Andorre - Aqui Radio-Andorra".
Fréquences
Ondes moyennes :
415,5 m - 722 Kcs
Ondes courtes :
50,20 m - 5980 Kcs
48,38 m - 6200 Kcs
Émetteur :
SFR
Puissance : 60 kw
Adresses
Studio :
Roc des Anelletes
Andorre-la-Vieille
Principauté d'Andorre
Émetteur :
Encamp
Principauté d'Andorre
Régie publicitaire
Pour la France :
17bis Allées Lafayette
Toulouse
Pour l'Espagne :
Radio Informaciones,
Plaza de Cataluña 9
Barcelona
1944 | Documents
Documents inédits


1944 | Sources.
Sources bibliographiques
- FRANK TÉNOT - Radios Privées Radios Pirates - Ed Denoël 1977
- RENÉ DUVAL - Histoire de la Radio en France - Ed Alain Moreau 1980
- CHRISTIAN
BROCHAND -
Histoire Générale de la Radio et de la Télévision en
France Tome 2 1944-1974 - CHR La Documentation
Française - 1994
- EUGENIO GIRAL QUINTANA - La radiodifusión en Andorra. Política, economía y espacio comunicacional en un país dependiente - Université de Barcelone - 1988
- JEAN-PIERRE CÉLÉRIER - La Radio à Toulouse (1925 - 1945) La puissance du Groupe Trémoulet. Université de Toulouse II Le Mirail 2002
- NOGUERES (DE) LOUIS - La radio aux frontières et la Misssion de l'Etat, Cavannes, Paris 1953
- BANNEL MICHEL - A propos de Radio-Andorre, Réponse à Louis Noguères - Paris février 1953
Crédits photographiques
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Photo DR. Archives personnelles de Jean-Marc Printz
- Publicité "Radio Andorra" : Archives personnelles de Jean-Marc Printz
Témoignage
Témoignage exclusif sur la fuite de Jacques Trémoulet en Andorre : MONIQUE COMMINGE (fille de Jacques Trémoulet) avec l'aimable intervention de JEAN-LOUIS MARQUET.
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